Selon une étude menée par Journalists Against AIDS (JAAIDS), les journaux et les magazines nigérians offrent aujourd’hui une couverture beaucoup plus responsable et complète du VIH/SIDA que par le passé. Toutefois, certains aspects des articles doivent être encore améliorés.
Cette étude, réalisée entre mars 2002 et février 2003, portait sur 12 journaux quotidiens et 10 magazines hebdomadaires. Plus de 1500 articles traitant du VIH/SIDA, et publiés durant la période couverte par l’étude, ont été évalués par l’équipe de chercheurs sous la direction de Lekan Otufodunrin.
Les chercheurs ont estimé que plus de 80 pour cent de ces articles étaient “bons”, et moins de 10 pour cent “médiocres”. Un article était considéré bon s’il était bien écrit et présentait tous les aspects d’une question. Otufodunrin a expliqué que cette étude jugeait également les grands titres, le langage, l’utilisation des photos et des illustrations, et l’espace alloué à chaque article.
“Ces cinq dernières années, les médias nigérians ont amélioré leur couverture du VIH/SIDA en accordant plus d’attention au virus et à ses ramifications”, constate Otufondunrin. “Dépassant le simple point de vue de la santé, ils s’attachent aujourd’hui aux conséquences de la pandémie dans tous les domaines, notamment à ses effets sur le niveau de vie des personnes infectées et sur l’économie de la nation.”
Outre une meilleure précision dans leur couverture de l’information, les médias nigérians consacrent également davantage d’articles à la maladie que par le passé.
Kingsley Obom-Egbulem, directeur des informations à JAAIDS, remarque : “Les résultats du rapport 2002 montrent que le VIH/SIDA fait aujourd’hui partie intégrante de l’actualité. Les journalistes sont conscients de la nécessité d’en parler, et d’informer les communautés à ce sujet. Celles-ci comptent en effet sur les médias pour savoir ce qui se passe, et il faut leur dire que le virus du VIH/SIDA est bien là et qu’il continue à infecter les gens.”
Selon Otufodunrin, cette responsabilisation croissante des médias dans la couverture du VIH/SIDA au Nigeria est imputable en grande partie aux ateliers et aux séminaires organisés par le JAAIDS. A mesure que les tabous et les mythes qui entourent le virus ont commencé à tomber peu à peu, la presse s’est mise à publier des articles sans complaisance sur la question.
“Les journaux sont devenus très concernés par le virus, pas comme avant quand certains d’entre eux soutenaient l’idée erronée que la maladie n’était pas réelle”, note Otufodunrin. “Un journal national, “New Age”, vient ainsi de lancer une campagne de sensibilisation d’une semaine sur divers aspects de la pandémie.”
Par ailleurs, les journaux travaillent à présent avec des personnes contaminées pour commenter différents aspects de la vie quotidienne des personnes touchées par le virus.
“Nous avons une meilleure connaissance du sujet. Les personnes contaminées (PLWAs) expliquent aujourd’hui de A à Z aux journalistes comment vivre avec le VIH/SIDA, ou plutôt, comment vivre positivement avec la maladie”, dit Obom-Egbulem. “Les journalistes les consultent avant d’utiliser leurs photos. Ils abordent ensemble des questions éthiques.”
Toutefois, certains aspects de la couverture médiatique du VIH/SIDA doivent encore être améliorés. Les magazines “légers” – ceux qui tirent la plupart de leurs revenus des achats impulsifs basés sur les articles et les images en première page – continuent souvent à offrir des manchettes et des articles à sensation à leurs lecteurs.
“Les pires articles analysés pour cette étude provenaient de magazines dits ’légers’, et la raison en est simple : aucun de leurs reporters n’a eu la chance d’être informé sur le VIH/SIDA et d’apprendre à traiter le sujet comme il se doit”, explique Obom-Egbulem.
Pour finir, Otufodurin estime que la couverture du VIH/SIDA doit être améliorée dans les régions rurales. Le JAAIDS prépare actuellement la publication du rapport final.